La facturation au taux horaire : une fausse bonne idée.

La question de la facturation est cruciale pour les avocats. Traditionnellement, on considère que la facturation au temps passé, selon un taux horaire, serait la méthode de facturation la plus rentable pour l’avocat. Pourtant, cette approche peut rapidement se transformer en une fausse bonne idée, aussi bien pour l’avocat que pour le client. Dans cet article, nous allons explorer pourquoi la facturation au taux horaire pose problème et en quoi les forfaits et autres modalités de facturation peuvent offrir une solution bien plus avantageuse.

Les inconvénients de la facturation au taux horaire

Une méthode de facturation difficile à vendre et à appliquer

La facturation au taux horaire est, à notre sens, complexe et inefficace. Ce mode de facturation est difficile à “vendre” à ses prospects.

Il est aussi fastidieux à gérer. Il faut noter scrupuleusement le temps passé, détailler les tâches exécutées, facturer régulièrement, accepter des discussions sur le temps réellement passé à telle ou telle tâche sous le contrôle de la Cour de cassation qui a elle aussi son avis sur le sujet 😅

Et, dans la réalité, comme la facture au temps passé est complexe à établir, l’avocat tarde à le faire, ce qui augmente le nombre d’heures à facturer. À ce stade, comme le montant de la facture est élevé, l’avocat aura tendance à “retraiter” les données et à minorer le temps réellement passé sur le dossier… 

Autre inconvénient de cette procrastination facturière : plus une facture est élevée, plus le client mettra de temps à la régler. L’avocat travaillera donc “à découvert” pendant toute la durée qui s’écoule entre 2 règlements de factures. 

Pas idéal en termes de trésorerie 💶

Une pression sur les heures facturables

Pour atteindre “son” chiffre d’affaires cible, il est nécessaire d’optimiser le nombre d’heures facturables. Cependant, les heures dites « non facturables », comme les tâches  administratives occupent une place importante (environ 1/3 du temps de travail de l’avocat). Cela limite la rentabilité réelle du cabinet et accentue la pression sur les avocats.

Sauf à majorer d’⅓ son taux horaire, ce qui n’est peut-être pas très équitable pour le client.

Une prime à l’absence d’innovation

Facturer au taux horaire pose aussi une réelle difficulté lorsque l’avocat s’équipe d’outils qui lui font gagner du temps : IA, reconnaissance vocale, etc.. L’avocat gagne en productivité, en performance, mais facture moins😓. 

Autre option, l’avocat utilise le temps gagné pour traiter encore plus de dossiers, accomplir encore davantage de tâches, mais sans gagner plus.

Avec de telles perspectives, on comprend que les avocats qui pratiquent le taux horaire ne soient pas attirés par les outils, les méthodes qui pourraient faire évoluer leur pratique et c’est bien dommage.

Une difficulté à aligner ses tarifs avec ses objectifs financiers

Pour piloter son cabinet, l’avocat doit connaître son chiffre d’affaires (C.A.) cible, le déterminer de manière réaliste en tenant compte de ses coûts fixes, de sa rémunération souhaitée et de futurs investissements. Avec un modèle horaire, cette projection est souvent biaisée par l’incertitude des heures réellement facturées, rendant difficile toute planification stratégique.

Ces inconvénients disparaissent en grande partie en adoptant d’autres modalités de facturation. Ce n’est pas un exercice simple et il suppose, au préalable, de travailler à se débarrasser à se défaire de ses croyances limitantes sur l’argent

Les avantages des forfaits et autres modalités de facturation

Une transparence renforcée

Proposer des forfaits, définis en fonction des étapes ou des diligences, permet aux clients de savoir exactement ce qu’ils paient et pourquoi. Cette méthode favorise une meilleure compréhension et une acceptation plus rapide des devis / conventions d’honoraires.

Une modularité qui s’adapte aux besoins

Il existe différentes modalités forfaitaires adaptées à divers types de dossiers : par étapes, par diligence, ou encore des abonnements illimités ou pas. Par exemple, des forfaits peuvent inclure des options spécifiques comme le suivi semestriel ou des honoraires de résultat basés sur le résultat ou le gain obtenu.

Une optimisation du temps et des revenus

Adopter une stratégie de forfaits bien calibrée permet de se libérer de la gestion minutieuse des heures et d’optimiser le temps dédié aux activités facturables. Cela simplifie aussi la gestion financière du cabinet, en assurant des rentrées régulières et prévisibles, bref de facturer, de se rémunérer sans difficulté https://applicab-avocats.com/bien-facturer-en-toute-serenite/

Comment repenser sa facturation ?

Avant d’abandonner totalement le modèle horaire, il faut:

connaître les chiffres de son cabinet, savoir combien il faut facturer chaque année pour être rentable

et suivre son temps de travail à l’aide d’outils comme Toggl ou RescueTime, afin d’identifier les diligences récurrentes et le temps que nécessité chacune, afin de les intégrer dans les futurs forfaits.

À partir de ces 2 types d’informations, l’avocat pourra créer de véritables offres de service. Et, en vérifiant régulièrement l’adéquation entre les montants facturés et le temps, l’avocat pourra s’assurer que ses offres sont toujours rentables.

Adapter les offres aux types de dossiers

Par exemple, en droit social, on peut imaginer un barème basé sur le salaire pour la rédaction d’un contrat de travail ; en négociation, un forfait pour les pourparlers complété d’un bonus en cas d’accord.

Facturer les services additionnels

Une bonne stratégie consiste également à monétiser les services souvent négligés, tels que le 1er rendez-vous ou les frais administratifs, afin d’améliorer la rentabilité globale du cabinet.

Tester, mesurer et ajuster

Votre politique de facturation ne se construira pas en un jour, son élaboration suppose d’évaluer régulièrement la pertinence des offres proposées. Tester des approches différentes permet de trouver la formule la plus adaptée aux besoins des clients et aux objectifs du cabinet. Et il ne faut pas craindre de tâtonner, de se tromper, de recommencer. L’équilibre financier, la pérennité de vogue cabinet et votre tranquillité d’esprit valent bien ces efforts-là, 

En conclusion, bien que la facturation au taux horaire reste une pratique courante, elle présente de nombreuses limites. Les forfaits offrent une alternative attrayante qui allie clarté, prévisibilité et simplicité, autant pour les clients que pour les avocats. Toutefois, cette transition requiert une approche méthodique : mesurer ses performances actuelles, ajuster ses tarifs, et intégrer des outils pour simplifier le suivi.

Adopter des forfaits n’est pas seulement un moyen d’améliorer la satisfaction client, mais également une opportunité pour les avocats d’optimiser leur gestion du temps et leurs revenus. N’attendez plus pour transformer votre méthode de facturation et construire une pratique plus durable et efficace.